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If I would like to make the best compliment to the singer, it would be: he has his own style.
You hear him singing, and you do not even to know the song - it's Daniel Lavoie.

Bruno Pelletier

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Une femme «sort de l'ombre»

LITTÉRATURE / LOUISE DUBUC

Claudia Larochelle
Le Journal de Montréal
06-11-2006 | 08h19

Ils ont 20 années de vie commune et les mots cimentent leur amour. Qu'ils soient usuels, pointus, obtus ou doux, ils rythment le quotidien de l'auteur-compositeur-interprète Daniel Lavoie et de sa compagne, Louise Dubuc, qui a publié cet automne La Fille de l'Ouest. Comme pour Sartre et de Beauvoir, écrire sous le même toit leur donne des ailes.

Or, ils n'écrivent pas tout à fait sous le même toit, disons plutôt sur le même terrain. Elle écrit dans la maison, tandis que lui s'installe dans sa grange convertie en studio, où il peut faire du bruit à sa guise sans déranger sa douce, qui n'a que le clavier d'ordinateur comme instrument. Ces derniers mois, la chaumière a été plus que jamais habitée par les pulsions créatrices de Louise Dubuc parce qu'elle s'affairait à mettre le point final à son premier roman, paru cet automne aux éditions Leméac.

L'histoire de La Fille de l'Ouest n'a rien de banal. Geneviève, l'héroïne de ce roman à trois voix, est une jeune femme gouvernée par ses seuls sens. L'auteure y parle de la prédominance des instincts sur la raison humaine, un sujet qui la fascine. Ce livre porte aussi sur l'insaisissable, la maternité et la nature. Une sorte d'hymne à la vie mis en relief par le côté bestial de l'humain. Au fil d'une grossesse qui exalte son tempérament sauvage, tout se met en place pour qu'un drame survienne.

Les mots d'elle

«Il y a beaucoup de métaphores dans ce livre. Il y a un sentiment de je t'aime tellement trop fort que je te mangerais tout rond. Loulou n'a rien d'une psychopathe (rires) !» défend Daniel Lavoie, qui a suivi de près durant cinq ans le processus de création de sa blonde. Même si l'histoire peut sembler crue et dure, il n'a jamais été déboussolé par ce qu'elle lui donnait à lire. 

«Je lis ses choses depuis longtemps. Je commençais donc à connaître ce qui venait de ma femme. J'étais chaque fois agréablement surpris, comme si là, elle sortait ses habits du dimanche», poursuit-il après une session d'enregistrement de son prochain album, à paraître en février.

Il admet d'emblée être séduit par la poésie saisissante empreinte de fougue et de tendresse présente dans l'écriture de Dubuc.

Ses métaphores savent le happer, son souci du mot juste, sa finesse aussi. Il avoue s'être reconnu dans l'univers qu'elle dépeint par des évocations très fortes.

«Le paysage dans lequel évoluent ses personnages est le mien à moi aussi. Je vois tout de suite à quoi elle fait référence, ce qu'elle décrit, je l'ai vu aussi.»

Lecteur particulier

Fidèle et premier lecteur, il ne s'est jamais gêné pour lui faire quelques remarques lorsque tel ou tel autre passage lui semblait moins fort que le reste de l'histoire. Il a aussi accepté les répliques de madame, même s'il avoue avoir couru des risques en critiquant sa femme.

Mais le couple a depuis belle lurette l'habitude de travailler ensemble. D'abord parce qu'elle est sa productrice et éditrice, puis parce qu'elle collabore régulièrement à plusieurs textes de ses chansons. Ça a été entre autres le cas pour Du feu dans ma maison, L'amour est sans merci et La nuit crie victoire. La bachelière en communication, issue d'une famille de journalistes, a aussi conçu conjointement avec son mari les deux tomes de l'album pour enfants Bébé dragon, paru à la fin des années 1990.

Habituée à vivre dans l'ombre de son célèbre époux, l'auteure craignait au départ qu'on l'associe trop à Lavoie, qu'on la juge uniquement comme étant la femme de l'artiste... Bien sûr, il aurait été difficile pour les médias de taire ce fait.

Promotion

Ça a tout de même facilité la promotion du roman. «Ça fait 20 ans qu'elle reçoit toujours le regard des gens, même à l'épicerie! Je ne crois pas que ce soit mal qu'elle profite maintenant du retour d'ascenseur», remarque-t-il.

Cette fois, c'est «sa Loulou» qui est sous les projecteurs. Elle sera dans la mire de ses lecteurs lors du Salon du livre de Montréal, dans quelques jours.

Ne cherchez pas Lavoie près d'elle. Il ne prévoit pas rôder dans le coin durant ses séances de signatures. Désormais, elle brille en solo.